Réseau électrique français: le colosse aux pieds d'argile !

18 août 2010

Comme le Québec et beaucoup d'autres réseaux électriques, celui de la France est centralisé. Ce sont environ 100 000 km de lignes à haute et très haute tensions (63 à 400 kV) et 1,3 million de km à basse et moyenne tensions (240V à 20kV), qui permettent de relier tous les outils de productions répartis sur le territoire français, aux  consommateurs.

 

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Tout cela se fait de manière presque transparente, et la stabilité apparente du réseau donne l'impression d'une machine parfaitement huilée pour l'ensemble des consommateurs. Et pourtant ...

Une image que j'aime beaucoup pour décrire le fonctionnement d'un tel réseau, c'est celle du cygne. Ce bel animal à la fière allure, qui remonte le courant la tête haute, en glissant sur l'eau avec élégance, douceur et visiblement sans effort ... alors qu'il est en train de palmer furieusement sous la surface de l'eau pour avancer !!!

 

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Notre cher réseau, construit vers le milieu du XXe siècle, n'a cessé de se perfectionner et de s'agrandir, avec un paramètre important: les outils de production d'électricité sont des centrales thermiques !

Une centrale thermique est un équipement dans lequel vous produisez de la chaleur par combustion (charbon, gaz, pétrole, bois ...) ou fission nucléaire. Cette chaleur permet de faire passer de l'eau liquide à l'état de vapeur sous pression, qui est envoyée dans une turbine. Celle-ci se met alors à tourner et entraine un alternateur qui produit de l'électricité. 

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Une des caractéristiques de ces installations, c'est l'économie d'échelle. Autrement dit, plus elles sont grosses et moins l'électricité coûte cher à produire. Mais pour cela, il faut également beaucoup de consommateurs et souvent très loin du lieu de production.

Nous avons donc fait de grosses usines, de grosses centrales et un gros réseau. Cette situation est idéale dans un monde où il n'y a aucun problème d'approvisionnement énergétique.

Malheureusement, ce modèle génère des pertes invraisemblables:

  • 60% de pertes dans la centrale sous forme de chaleur
  • 9% de pertes en ligne sur le réseau électrique
  • 10% dans nos maisons ou nos bureaux.

Le réseau électrique est donc approvisionné par d'énormes centrales, dont les coûts de production sont réduits mais les pertes et gaspillages sont énormes. De plus ce réseau extrêmement complexe tolère peu les instabilités, ce qui est une excellente raison pour limiter le développement des énergies renouvelables.

Mais le monde change, qu'on le veuille ou non ! La fête de l'énergie quasi-gratuite est bientôt terminée et il va falloir sérieusement penser à adapter notre fonctionnement à la réalité !

C'est pourquoi il est indispensable de mettre en place tous les outils de production d'énergie renouvelable possibles, valoriser les déchets, le biogaz ... ET de les intégrer dans des réseaux électriques décentralisés !

Il faut créer des réseaux locaux permettant de limiter les pertes en production et transport, et dans lesquels chaque citoyen pourrait amener sa contribution par un panneau solaire, une petite éolienne ou un vélo d'appartement relié à un alternateur ! Toutes les contributions sont bonnes à prendre mais pas pour un réseau national.

Bref, dans un monde probable où l'énergie sera aussi (voire plus) chère que la main d'œuvre, l'économie ne doit plus être d'échelle mais d'énergie ! Il faut que les communautés locales prennent en main leur production et leur consommation d'énergie, qu'elles mettent en place un réseau local avec possibilité de l'isoler du réseau national en cas de problème, et que chacun puisse enfin prendre conscience de l'importance de ce bien commun qui nous est indispensable: l'énergie !


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