La résilience d’une collectivité, c’est sa capacité à subir un choc, un changement perturbant, à s’y adapter et à se réorganiser.
Pour être résilient, il faut donc limiter au maximum les possibilités de se trouver en situation de détresse pour éviter la mise en place de solutions d'urgence généralement inefficaces sur le moyen et long terme.
Notre société fonctionne en flux tendu, en « juste à temps ». Autrement dit, les stocks étant considérés comme des charges financières inutiles, la logistique de tout le pays est organisée pour répondre jour après jour à la demande des consommateurs. Cette logique issue du secteur industriel japonais permet effectivement une réduction des coûts liés au stockage mais dépend par ailleurs de transports parfaitement réguliers et fiables.
Dans un contexte de risque de pénurie pétrolière, le fonctionnement en flux tendu doit donc être remis en cause pour certains domaines fondamentaux tels que les besoins primaires (alimentation, santé, habitat, énergie...). Notre société ne peut pas prendre le risque de se trouver face à une pénurie alimentaire, notamment parce qu'elle a tous les outils pour l’éviter.
Je rappelle au passage que la région parisienne n’a que deux jours d’autonomie alimentaire et je pense que beaucoup de régions en France sont dans ce cas.
Le but de cet article n’est pas de prôner l’autonomie totale et individuelle. Elle serait trop exclusive et conduirait au repli sur soi. Mais je voudrais faire prendre conscience d’une chose très importante :
La différence entre 0% d’autonomie et 3% d’autonomie est énorme !
On pourrait penser que c’est dérisoire et que cela ne sert à rien, et pourtant cela change TOUT. Ces petits 3% vont changer radicalement votre réaction en cas de problème et vous permettront de ne pas paniquer et d’organiser les jours et les semaines qui suivront.
La photo ci-dessus montre la maison de Patrick DERY au GREB, équipée entre autres de panneaux solaires photovoltaïques, d'une microturbine hydro-électrique,
d'un chauffe-eau solaire, d'un poêle de masse.
Quand on parle d’autonomie, il s’agit par exemple d’avoir 1 ou 2 panneaux solaires pour faire fonctionner votre frigo et quelques lampes, de faire un potager, d’avoir des poules, d’organiser un petit stock alimentaire dans une pièce ou la cave de votre logement, d’avoir un moyen de recyclage,un stock ou un accès direct à l’eau potable, d’apprendre à se soigner avec les plantes etc…
Les outils sont multiples pour ne pas être totalement dépourvus dès qu'un problème survient. Et cette autonomie relative peut et doit être également collective. La recherche de solutions est une excellente manière d’échanger, de générer une émulation avec ses voisins, de partager avec la communauté locale.
Afin d'illustrer mes propos, je vais citer l'exemple de l'écohameau du GREB, au Québec, qui a été coupé du monde lors du déluge de 1996. Deux semaines d'isolement total à cause des routes emportées par les flots. L'hélicoptère de l'armée est pourtant venu chercher les habitants mais il est reparti sans eux. Alors qu'ils n'avaient rien préparé de spécial, ils ont donc pu, sans aucune panique, subvenir à leurs besoins pendant deux semaines.
Les élus locaux, au-delà des problématiques du quotidien, doivent avoir le souci d’apporter une réponse aux besoins élémentaires de leurs concitoyens. Pour cela, ils devraient mesurer à quel point leur territoire est autonome. Le calcul souvent effectué actuellement consiste à évaluer la quantité d'énergies renouvelables produite par rapport à la quantité d'énergie consommée. Mais quel intéret s'il n'y a aucune possibilité d'utiliser cette énergie en s'isolant du réseau national en cas de coupure ?
Il ne s'agit pas de se faire peur et d'être catastrophiste, il s'agit d'être prévoyant, de préparer sereinement l'avenir, de se rassurer individuellement et collectivement.
C’est avec ce genre d’initiatives que l’on devient résilient. Le mode de vie ainsi organisé évite de céder à la panique et laisse la possibilité de rebondir et de se réorganiser en cas de problème.